La forteresse oubliée
De février 2023 à juin 2023
Février et mars 2023 - Episode 4
Des visiteurs par centaines à Plumaugat !
L’exposition « Châteaux de terre, châteaux de bois », qui s’est terminée début mars, a reçu un très bel accueil. Plus de 500 personnes sont venues à la rencontre des mottes castrales, à St Méen, et surtout à Plumaugat.
Les médias avaient fait une belle publicité à l’expo : Ouest-France, l’Hebdo, Le Petit Bleu, Radio RCF Côtes d’Armor nous ont fait l’honneur de leurs pages ou de leur antenne. Un très grand merci à eux !
Pour certains de nos visiteurs, c’était une vraie découverte des mottes, ces ancêtres des châteaux et maisons-fortes, si nombreuses dans notre région et bien représentées à Plumaugat en particulier.
Pour d’autres, au contraire, l’exposition était l’occasion rêvée de parfaire leurs connaissances sur le sujet. Certains de ces passionnés sont venus de loin : Saint Brieuc, Erquy, Rennes, Plérin, Dinan…
Ce fut pour les bénévoles de l’association qui recevaient les uns et les autres au cours des permanences, un grand plaisir d’échanger, de discuter, d’en apprendre plus également sur certains lieux de notre commune ou sur des sites plus lointains. La petite formation, dispensée à l’automne dernier par Madame Bizien-Jaglin à tous ces guides bénévoles, a été très utile pour tenter de répondre aux questions nombreuses et variées.
Parmi tous ces visiteurs, il y a eu 200 élèves dont les établissements scolaires participent au projet « Forteresse oubliée ».
Les jeunes enquêtent à Plumaugat.
-
Les classes de CP et de CM de l’école du Sacré-Cœur de Plumaugat n’ont pas eu à parcourir beaucoup de distance pour venir, en voisins, découvrir l’exposition.
Les enseignantes, qui accompagnent leurs élèves cet après-midi de février, leur ont fait découvrir en classe l’univers du Moyen-Âge. Accueillis par des membres de l’APP et par Monsieur le Maire, venu tout spécialement pour eux, les enfants s’intéressent particulièrement aux deux très belles maquettes. On y découvre une motte, telle qu’elle peut subsister de nos jours, et la même motte, telle qu’on peut se la figurer à l’époque où elle était habitée.
Avec beaucoup de fraicheur et aussi beaucoup de justesse dans leurs remarques, les enfants, remarquablement attentifs, analysent ce qu’ils voient, puis se concentrent sur un petit questionnaire ludique mis au point par l’APP avec leurs enseignants.
Quand on a 6 ou même 10 ans, il n’est pas toujours facile de déterminer qui habitait la tour ou la basse-cour, si les princesses et les chevaliers côtoyaient ou pas des dragons et des magiciens. Tous, crayons en mains, s’appliquent et on verra même, le lendemain, une de ces petites visiteuses revenir en famille à l’expo pour terminer son questionnaire !
Pour ces jeunes élèves, la prochaine étape concernant la découverte des mottes castrales sera leur visite sur place en mai. Il y aura aussi, d’ici là, quelques rencontres en classes, mais chut ! C’est une surprise !
-
En février également, les élèves de 5ème du Collège Notre Dame de St Méen sont venus passer une journée à Plumaugat avec leurs professeurs. Accueillis par une quinzaine de membres de l’association et guidés par Madame Bizien-Jaglin, ils descendent de leur car par un beau matin glacial pour découvrir la motte de La Hatterie.
Les cultivateurs ont eu la gentillesse d’ouvrir les clôtures et même de passer avec le tracteur pour faciliter le passage des jeunes dans l’herbe gelée. Les propriétaires de la motte, eux-mêmes, vont suivre avec un grand plaisir cette visite passionnante. Pour certains des élèves, la promenade à travers champs a déjà tout d’une aventure.
Sur place, les adolescents sortent les carnets de croquis, les appareils photos, ils escaladent, mesurent, examinent en tous sens. L’archéologue dit que le site est un parfait représentant des mottes castrales. Tout le monde a les pieds gelés et le sourire aux lèvres…
Retour au car, qui file à Plumaugat. Des groupes se forment, sous la conduite des professeurs et accompagnés par les bénévoles de l’association : les uns vont visiter l’expo avec Mme Bizien-Jaglin, d’autres découvrent la manipulation des tessons de céramiques que peuvent trouver les archéologues lors de leurs recherches, les derniers partent à la recherche des pierres de réemploi dans le bourg. Les habitants dont les maisons arborent ces pierres venues d’anciens bâtiments et réutilisées ensuite, ont, avec énormément de gentillesse, ouvert largement leurs cours, leurs jardins, parfois même leurs maisons pour faciliter la découverte.
Il est l’heure de déjeuner, Monsieur le Maire et la municipalité ont mis un local confortable à disposition pour le pique-nique. Les adultes en profitent, mais maintenant, il fait si bon au soleil que les jeunes s’installent sur la terrasse pour casser la croute.
L’après-midi, quand tous les élèves ont profité des trois ateliers, départ collectif vers La Maison pour une visite de ce site unique, où attendent les propriétaires venus accueillir le groupe. Les dimensions, la disposition des lieux en imposent à tous. Infatigables ou presque, les jeunes repartent à l’assaut des tertres successifs.
C’est sur une note sucrée et la dégustation d’un goûter offert par les accompagnateurs du jour que la journée prend fin. L’énorme somme d’informations collectées sera reprise en classe par les élèves avec leurs enseignants. Tous promettent de partager ces découvertes en juin avec les habitants de Plumaugat.
-
Il fait à peine plus chaud, ou juste un peu moins froid, lorsque, en mars, les élèves du collège Camille Guérin de Saint-Méen découvrent à leur tour la motte de La Hatterie, avec leurs enseignants, des membres de l’APP et Madame Bizien-Jaglin.
Tous ces jeunes ont déjà travaillé le sujet en visitant l’exposition « Châteaux de terre, châteaux de bois » l’automne dernier à Saint-Méen. Les cours dispensés ensuite par leurs professeurs ont approfondi les connaissances.
Rien d’étonnant dès lors que de nombreux élèves reconnaissent la forme d’une motte, une fois arrivés sur le terrain. Pourtant les dimensions du tertre, la profondeur des fossés, l’isolement du lieu marquent les esprits. Et lorsque l’archéologue demande d’imaginer le site lorsqu’il était habité, personne ne doit se forcer pour deviner les palissades, les habitants de la basse-cour, ou la haute tour de bois.
Chargés de croquis, de photos, et, eux aussi, pieds gelés et boueux, les élèves de Camille Guérin regagnent leur car à travers champs. Il est temps de se rendre à Plumaugat.
Sous la direction de l’archéologue, le groupe rejoint le site de La Maison, toujours aussi gentiment ouvert par ses propriétaires. Ici aussi, chacun des élèves reconnait facilement une motte en arrivant. Une fois celle-ci escaladée puis explorée, quelle n’est pas la surprise générale, d’en trouver bientôt une seconde, puis une troisième et même une quatrième.
Le schéma de départ, tracé sur un grand carnet, se complète peu à peu. L’archéologue, remarquable de pédagogie, pose quelques questions judicieuses. C’est l’étonnement : le plan serait celui d’un château-fort ? Non, on ne sait pas ce qu’est La Maison, on ne sait pas à quoi elle ressemblait vraiment. Il faudra beaucoup de recherches, pour, peut-être, un jour, en avoir une vague idée…
Plusieurs des jeunes se sentent, comme les adultes, privilégiés d’arpenter ce site unique en son genre. Madame Bizien-Jaglin entraine le groupe dans une découverte passionnante de la défense des places fortes et de la poliorcétique, l’art du siège.
Le temps passe vite, un regard sur des pierres de réemploi dans le bourg, un autre sur les vitraux de l’église, il est temps de pique-niquer au chaud dans la salle prêtée par Monsieur le Maire et la municipalité. Les élèves sont attendus à La Hunaudaye, au château-fort…
Après la poliorcétique, l’héraldique !
Une semaine complète est consacrée au Moyen-Âge, pour ces 5èmes du Collège Camille Guérin de Saint-Méen, en cette fin mars. Les élèves, avec leurs professeurs, pratiquent divers ateliers qui touchent à la période médiévale.
Après avoir visité tant de demeures de familles nobles, il semble logique d’étudier les blasons et l’art plein de symboles de l’héraldique. L’association Plumaugat Patrimoine a la chance de compter parmi ses amis et voisins de savants connaisseurs de ce domaine, généreux de leur temps et de leur savoir. Pascal Letenneur et Philippe Ermel, de l’Association Daoudour de Broons, arrivent ainsi un après-midi de mars au collège Camille Guérin. Ils vont initier ces élèves de 5ème aux subtilités des armoiries, meubles, partitions et émaux.
Très rapidement, les adolescents se prennent au jeu, conçoivent et créent des blasons personnels, en respectant les règles de l’héraldique, pour finalement les décrire selon les termes du blasonnement.
Une excellente nouvelle ? Il sera possible d’admirer ces créations prochainement à Plumaugat !
Et pendant ce temps que font les membres de l’APP ?
Ils s’extasient devant l’enthousiasme des enfants, sur les richesses des traces médiévales dans Plumaugat. Ils accompagnent les visiteurs et les classes. Ils reçoivent de possibles donateurs, ils cherchent des fonds. Ils imaginent les prochains mois, les prochains rendez-vous, les recherches encore à mener, une fête à préparer…
Ils se disent surtout qu’ils ont bien de la chance de faire tant de rencontres, de provoquer tant de moments heureux de partage et d’apprendre tant de choses…
Printemps 2023 - Episode 5
L’art de la belle écriture.
Saviez-vous que c’est au Moyen-Âge, pendant le règne de Charlemagne que l’une des plus jolies écritures occidentales a été créée ? Il s’agit de la Caroline, dont les écoliers de Plumaugat et les collégiens de Saint Méen peuvent désormais vous parler avec science, et faire des démonstrations avec élégance.
En avril, Richard Lempereur, un calligraphe renommé invité par l’association Plumaugat Patrimoine, est venu au collège Notre-Dame initier les élèves de 5ème à cette écriture passionnante. Tous ces jeunes ont découvert les instruments : plumes de calligraphie, porte-plumes, brou de noix, puis, sous la conduite de leur professeur du jour, ont appris à maitriser le « ductus » de chaque lettre, cette façon particulière de la dessiner pour en respecter toutes les particularités.
Le croirez-vous ? A l’heure des claviers omniprésents, de la communication instantanée, ces adolescents se sont pris de passion pour cet art de lenteur et de patience. Tous les ateliers se sont déroulés dans un climat exceptionnel d’attention et de concentration. Richard Lempereur lui-même était impressionné par les qualités d’observation et de travail de ces classes. Les productions ont été à la hauteur des efforts : après deux heures de stage, chaque élève a pu repartir avec de très belles pages calligraphiées.
Au collège Camille Guérin, c’est Béatrice Morel, la professeur documentaliste, qui a conçu des livrets individuels d’éveil à la calligraphie et les a proposés à ses élèves. Ceux-ci ont pu expérimenter des outils d’un autre âge : calames, plumes d’oie, plumes biseautées, et s’exercer à différentes écritures calligraphiées. A l’issue des séances, les jeunes artistes ont produit des marque-pages originaux et élégants.
Une guide très suivie.
Début mai, Catherine Bizien-Jaglin, directrice du Centre Régional d’Archéologie d’Alet, était une nouvelle fois invitée par l’association Plumaugat Patrimoine à faire découvrir à des élèves les sites médiévaux de Plumaugat relatifs aux mottes castrales.
Cette fois, les classes de Cours Moyens et Cours Elémentaires de l’école du Sacré-Cœur de Plumaugat participaient à l’exploration de leur propre patrimoine, en compagnie de leurs enseignantes et de plusieurs membres de l’association.
Les enfants avaient déjà fait connaissance avec l’univers des mottes en visitant l’exposition l’hiver dernier. Mais découvrir « en vrai » ces énormes réalisations humaines a beaucoup impressionné les jeunes participants.
A la Hatterie, ils ont repéré avec aisance les différents éléments constitutifs des mottes, se souvenant des maquettes de l’exposition. La taille et la configuration exceptionnelles du site de la Maison auraient pu dérouter ces jeunes élèves. Grâce aux explications de l’archéologue, ils ont bien assimilé le plan global du site et l’ont prouvé par la suite en classe avec leurs dessins et leurs maquettes, mais, chut ! c’est une autre histoire…
A la fin de l’après-midi, un goûter offert par l’association attendait les valeureux apprentis archéologues un peu fatigués, il faut bien le dire…
La découverte d’un métier.
Catherine Bizien-Jaglin, quelques jours plus tard, reprenait les chemins de notre secteur. Elle était attendue un mardi matin au lycée CFA CFPPA de Caulnes par des élèves de seconde et de première avec leur professeur d’Histoire-Géographie, Gwen Rubeillon, en compagnie cette fois aussi de quelques membres de l’association Plumaugat Patrimoine.
Sa mission ce jour-là : expliquer son métier, parler de l’intérêt de préserver le patrimoine, et, plus particulièrement dans ce lycée à vocation agricole, évoquer les connexions possibles entre le travail de la terre et celui de l’archéologue.
Les élèves avaient étudié avec leur professeur les itinéraires possibles des chevaliers de Plumaugat dont on sait qu’ils accompagnèrent Bertrand Du Guesclin dans ses pérégrinations en Espagne, ou qu’ils participèrent à la 7ème Croisade en Terre Sainte.
Les jeunes avaient aussi visité avec des membres de l’association le site de La Maison. Cette fois, il s’agissait de comprendre l’intérêt des recherches archéologiques sur le terrain.
C’est en parlant des techniques modernes d’exploration archéologique que Catherine Bizien-Jaglin sut capter son auditoire. Un voyage en avion ne semble pas a priori la façon la plus évidente de deviner ce qui peut être enfoui dans le sol. Et pourtant, c’est ainsi que notre archéologue a pu repérer avec ses collègues 17 sites dignes d’intérêt et oubliés dans les sols de Plumaugat.
La végétation et ses nuances de couleurs, de tailles, d’espèces est devenue un outil indispensable des archéologues modernes. Vu d’en haut, un champ peut révéler par ses différences de hauteur de plantes la présence de murs, de fossés. La phyto-archéologie, cette fois au ras du sol, observe la nature des végétaux et en tire des hypothèses sur la présence de minéraux en sous-sol, apportés par des vestiges de maçonneries ou d’anciens dépotoirs.
Jeunes et adultes furent impressionnés par la projection de photos de repérage qui illustrait les propos de l’archéologue. Une discussion s’amorçait ensuite entre la professionnelle et les élèves, avant un repas sympathique à la cantine -excellente- de l’établissement.
Chercher les Plumaugatais du Moyen-Age.
Les mottes médiévales de Plumaugat n’ont pas intéressé que les jeunes et les enfants. De nombreux Plumaugatais, et parmi eux beaucoup de membres de notre association, se sont pris d’affection pour ces ancêtres des châteaux-forts et recherchent leurs traces dans notre commune. Au début du XXe siècle, une motte, sans doute arasée depuis, a été décrite par un historien, elle se trouvait en bordure de Rance. De courageuses passionnées ont arpenté sans succès jusqu’à présent les rives de la rivière pour la trouver. D’autres recherches, basées sur le nom des champs et des parcelles, n’ont pas abouti jusqu’à présent non plus.
Un site aux dimensions et à la forme étonnantes a même été repéré par Monsieur le Maire et a été soumis à l’expertise de Catherine Bizien-Jaglin. Il garde pour le moment ses mystères : ce n’est pas une motte, mais il s’agit bien d’un site terroyé très ancien destiné à un usage inconnu, élevage de chevaux, cultures, habitations ?
Des membres de l’association sont revenus aux Archives des Côtes d’Armor pour prendre enfin connaissance du fonds consacré aux anciennes familles de Plumaugat. Celui-ci était inaccessible depuis plusieurs années en raison des travaux réalisés dans les bâtiments. La fragilité des documents anciens ne permettait pas de les consulter en salle provisoire de lecture.
Quelle ne fut pas la surprise des amateurs de vieux papiers de découvrir une énorme quantité de parchemins datant du Moyen-Age : inventaires de tenues, aveux et minus fournis au Duc de Bretagne ou au Roi de France par les propriétaires de fiefs et de seigneuries ; grosses de jugements pour des différends opposant des seigneurs du lieu et leurs voisins, actes notariés, prééminences dans l’église de Plumaugat… Le fonds est d’une incroyable richesse et, compte-tenu des difficultés à déchiffrer bon nombre de ces documents, il faudra des années avant de l’explorer tout entier.
Depuis un an, une énorme masse d’informations s’accumule sur le Moyen-Age à Plumaugat. Peu à peu, une géographie se dessine : la Rance apparait comme un axe important digne de surveillance et de présence. Les familles de Plumaugat, nobles ou roturières, sortent de l’anonymat. Des pierres de réemploi sont repérées un peu partout dans la commune. Les recherches à venir s’annoncent passionnantes.
L’année scolaire touche à sa fin. Pour tous les explorateurs, jeunes et adultes, du Moyen-Age, il est temps de faire un bilan et, surtout, une fête !
Début de l'été 2023 - Episode 6
Une fête pour un château oublié et retrouvé.
Depuis le début de l’aventure, nous savions que des expositions allaient être organisées en fin de parcours pour mettre à l’honneur le travail réalisé par les uns et les autres, celui des plus jeunes en particulier.
Depuis le début aussi, une petite musique insistante revenait souvent dans les échanges entre adultes : une expo, c’est bien, une fête, c‘est encore mieux.
Effectivement, l’idée de planter les expositions dans un beau décor de fête médiévale avait de quoi séduire plus d’un amateur d’histoire locale plumaugataise.
Dans un premier temps, il fallait cependant préparer sérieusement les expositions.
L’exposition Plumaugat et le Moyen-Age.
La première exposition, permanente, va prendre place pendant un an dans le parc des Hirondelles à Plumaugat. Centrée sur le Moyen-Âge dans la commune, elle retrace les étapes des recherches menées par les jeunes et les adultes tout au long de cette année si spéciale.
Dans les classes, les professeurs ont commencé très tôt à réfléchir à la meilleure façon de présenter les travaux réalisés par leurs élèves, les acquisitions de l’année, les découvertes. Chaque établissement scolaire a marqué son originalité dans la réalisation du panneau qui lui était réservé.
Le collège Notre Dame de St Méen a choisi d’expliquer l’ensemble de la démarche pédagogique de l’année, dans le cadre des EPI, enseignements pratiques interdisciplinaires. Le collège Camille Guérin de St Méen raconte les visites de sites et les différents ateliers réalisés en classe ou à Plumaugat. Le Lycée de Caulnes retrace l’histoire des Chevaliers de Plumaugat au cours des Croisades. L’école primaire du Sacré-Cœur de Plumaugat rend compte des réalisations effectuées avec les différents intervenants.
Les membres de l’APP, de leur côté, évoquent les grands noms du Moyen-Âge à Plumaugat, la présence des Templiers, les sites marquants, les vestiges, les méthodes de l’archéologie moderne etc.
Résultat : depuis la fin juin, une magnifique exposition s’offre aux regards des amateurs dans le parc des Hirondelles. Des photos, des documents rares, de multiples informations sur le passé de notre beau village se déploient sur une quinzaine de grands panneaux, dans un superbe cadre de verdure. C’est facile d’accès, gratuit et ouvert à tous !
L’exposition des travaux des élèves.
Calligraphie, études de pierres anciennes, travaux sur l’héraldique, sur l’architecture médiévale, écriture et mise en sons de contes originaux, création de vitraux : les élèves et les enseignants des quatre établissements participants ont produit toute l’année de très belles réalisations, aboutissements des nombreuses heures de travail, en classe ou à Plumaugat, passées à en apprendre plus sur le Moyen-Âge.
Il semblait essentiel aux membres de l’APP que ces travaux soient présentés à tous, afin de mesurer concrètement leur très grande qualité, l’investissement des professeurs et de leurs élèves, celui des intervenants extérieurs et des bénévoles de l’association.
Résultat : un château lumineux, des histoires de chevaliers plumaugatais, des blasons, des maquettes, des parchemins, de la musique… de quoi remplir un chapiteau de couleurs, de sons, et d’imagination…
L’exposition sur les mottes féodales.
Elle avait tant plu et attiré un si large public l’hiver dernier, qu’il fallait absolument la retrouver, au moins pour quelques heures, et relire ainsi les explications du Centre régional d’Archéologie d’Alet sur ces précurseurs des châteaux-forts, bien présents dans la période médiévale de Plumaugat. Les membres de l’APP en ont donc parlé avec la directrice du CeRAA, Catherine Bizien-Jaglin…
Et c’est parti pour une kermesse médiévale !
Tout était prêt pour rêver d’une jolie fête gratuite et ouverte à tous.
Les grands coups de main financiers de la Commune de Plumaugat, de la Communauté d’Agglomération de Dinan, de la Drac de Bretagne, avec ceux des agences de Caulnes et Broons du Crédit Mutuel, ainsi que de Groupama, ont fait basculer le rêve dans la réalité.
Et les membres de l’APP se sont mis à côtoyer des fées et des korrigans, des musiciens et des conteuses, pour les inviter à Plumaugat.
Les couturières du club du Bon Accueil et celles de l’asso Patrimoine ont cousu pendant des jours des dizaines de mètres de guirlandes, de bannières éclatantes et de fanions.
Les bricoleurs de l’APP ont scié, cloué, poncé et peint pour faire renaitre des jeux anciens et si beaux pourtant, des panneaux indicateurs et des enseignes extraordinaires.
A la médiathèque, Aude et Pascal élaboraient des chasses au trésor envoutantes.
La Mairie, toujours généreuse, a proposé le terrain du Sous-Bois, où vivent d’ailleurs sans doute toute l’année quelques familles de lutins.
Des amis ont prêté des chapiteaux, une sono, un camion, un tracteur…
Les profs sont arrivés avec des blasons, des châteaux, des contes…
Des dizaines de courageux bénévoles ont investi le site, planté les chapiteaux, guidé les câbles de la sono et les guirlandes de fanions d’arbre en arbre, installé la buvette, transporté des tables, des bancs, des châteaux miniatures et des tentures…
Et le matin du 19 juin 2023…
L’association Aslin la Guilde de la Fantasy et ses nombreux amis ont investi la clairière du Sous-Bois, déployé leurs tentes, leurs échoppes, leurs ateliers et leurs campements : Merlin Dragonnus a installé douillettement ses œufs de dragons à adopter, le soufflet de la forge de Logan s’est mis à ronfler ; pendant qu’un immense faune velu commençait à arpenter les allées en crachant du feu, une compagnie viking installait des cibles de lancer de hache et un herboriste préparait des mélanges aux odeurs suaves.
De leur côté, les « dames de la couture » proposaient à qui le voulait des initiations au point de croix ou au point compté, tandis que d’autres amateurs pouvaient apprendre juste à côté à tremper la plume de calligraphie dans le brou de noix et tracer de superbes lettres « carolines », ou encore écouter les explications de Séverine Guessant sur l’art du vitrail qu’elle pratique à Broons.
Les expositions, installées sous les arbres ou dans des chapiteaux décorés de bannières, attiraient un public attentif.
Dans un coin de la clairière, Florence et Rose-Marie faisaient alterner leurs contes mystérieux avec les concerts enchanteurs des harpistes menés par Lily.
Les enfants et leurs parents s’initiaient aux jeux d’un autre temps, posaient le cou, avec un soupçon de crainte, dans la mâchoire de l’impressionnant pilori, regardaient les plus jeunes caracoler vers la quintaine, juchés sur des chevaux de bois et de laine ou s’enfonçaient dans les fourrés à la recherche des indices cachés de la course au trésor.
Olivia lisait joyeusement l’avenir dans les runes et la fantaisie. Eyleen, avec deux doigts de maquillage et un soupçon de poudre magique, faisait naitre fées et lutins ; Nathalie tressait sans fin toutes les chevelures et racontait à sa façon comment transformer les petites filles (et même quelques très grandes filles d’ailleurs) en princesses.
La buvette et le stand gourmand attiraient leur lot d’amateurs d’hippocras et de pains garnis.
Et la musique des trouvères et des troubadours rythmait les déambulations tranquilles des visiteurs…
Le deuxième jour, il a plu…
Auparavant, heureusement, la plus grande partie de la journée avait pu se dérouler sereinement !
Les centaines de visiteurs de ces deux journées semblaient contents. Les organisateurs et bénévoles l’étaient sûrement.
Ce fut pour nous tous une magnifique façon de clôturer cette belle année de découvertes et de partages. Un immense merci à tous ceux qui nous ont aidé à aller au bout de ces rêves avec les enfants. Quelle joie réelle de partager un si beau projet avec tant de belles rencontres et de nouvelles amitiés…
L’aventure à la recherche du passé médiéval de Plumaugat continue dès la rentrée, sous d’autres formes. Nous en reparlerons bientôt !
Octobre 2023 - C'est la rentrée ! On apprend à lire ! Chiche ? - Episode 7
Quoique bien reposés par un bel été, les membres de la section Histoire de l’association abordaient la rentrée un peu dubitatifs et vaguement découragés devant l’énormité du travail à accomplir pour prendre connaissance du contenu des cartons de documents médiévaux de Plumaugat aux Archives départementales (voir épisode 5).
Plusieurs obstacles se dressent en effet :
-
Tout d’abord, la quantité de documents, leur variété, leur étalement dans le temps….
-
La langue ensuite : nous avons ici des textes, souvent en français, mais avec des tournures, des façons de dire les choses, très éloignées du français que nous pratiquons aujourd’hui. Il y a également un vocabulaire spécifique auquel il faut s’habituer.
-
L’écriture enfin et surtout… Il arrive que certains documents soient soigneusement calligraphiés et presqu’immédiatement compréhensibles. Mais la plupart sont en revanche parfaitement hermétiques pour des amateurs : ils combinent une écriture illisible, des abréviations inconnues et des passages abimés par le temps…
Heureusement, grâce à notre amie Catherine Bizien-Jaglin, directrice du CeRAA, un paléographe va venir à notre secours ! Paléo : du grec paléos, ancien. Graphe : du grec graphéin, écrire. Il s’agit donc d’un scientifique spécialiste des écritures anciennes.
Nous avons rencontré Monsieur Jean-Pierre Pincemin, archéologue et paléographe. Il connait Plumaugat et notamment le site de La Maison. Il a examiné nos notes et quelques photographies que nous avons prises aux archives.
Un intérêt certain :
Selon lui, ces documents peuvent réellement apporter de nouvelles connaissances sur le passé médiéval de notre commune. Les « aveux » en particulier sont généralement riches de précisions sur les familles et les terres, les vassalités et leurs obligations.
L’œil exercé du spécialiste a rapidement repéré sur un des parchemins un tampon qui nous avait échappé : celui des archives d’Ille-et-Vilaine. Il pourra être intéressant de découvrir à quel moment ces archives ont été transférées en Côtes-d’Armor.
Certains documents sont annotés en marge. Selon Monsieur Pincemin, il peut s’agir de notes prises vers le XVIIIe siècle dans un premier déchiffrage des parchemins.
D’où viennent ces documents ?
Une hypothèse est posée par le spécialiste : celle de la confiscation des biens des nobles lors de la Révolution. L’ensemble aurait pu être saisi, à Plumaugat ou à Yvignac, où résidaient les descendants de la famille de Plumaugat, et apporté ensuite à Saint-Méen-le-Grand (devenue à l’époque Méen-la-Forêt, puis Méen-Libre).
Comment les exploiter ?
Le nombre impressionnant de documents implique, selon Monsieur Pincemin, d’établir en priorité un inventaire du contenu de chacune des huit boites.
Pour ce faire, il nous demande dans un premier temps de photographier ou scanner chacun de ces documents afin de disposer des meilleures copies possibles, en numérique ou sur papier.
De son côté, il se propose de transcrire quelques pages afin que les apprentis décrypteurs que nous sommes puissent se familiariser avec les formes d’écriture, les abréviations etc.
Ensuite, ce sera à nous de nous confronter aux textes pour en tirer quelques informations permettant de les définir : est-ce un aveu, un contrat, un acte notarié ? De qui s’agit-il ? Quels sont les lieux cités ? etc…
Qui peut participer à ce déchiffrage ?
Tout le monde ! Nul besoin de connaitre le latin ou le français ancien. Il faut être patient, observateur, doté d’un peu d’imagination. Pas besoin non plus d’habiter Plumaugat. Cela peut se faire tranquillement, chez soi, au rythme de chacun. Il y aura sans doute une collaboration devant les textes les plus ardus, des échanges entre nous ou avec Monsieur Pincemin.
Nous proposons donc à ceux qui veulent tenter avec nous l’aventure de l’inventaire de nous contacter via les liens habituels (mail, Facebook, mairie, médiathèque). Parlez-en à vos amis qui peuvent être intéressés !
Nous aurons ainsi le privilège de participer tous ensemble à un réel travail de recherche historique, avec une finalité incontestable pour la compréhension de ce qu’était jadis notre village.
Nous vous attendons avec impatience ! Merci d’avance pour votre aide !
Novembre 2023 - Un trésor à découvrir - Episode 8
La bibliothèque municipale de Rennes-Métropole (BMRM), aux Champs Libres, recèle, sous la côte Ms 0033, un trésor touchant la seigneurie de Plumaugat.
C’est l’hypothèse de Monsieur Pincemin concernant les confiscations de biens pendant la Révolution qui nous a donné l’idée de consulter plus en détails les possessions de la BMRM datant de cette époque et de découvrir cette pépite !
Voici donc l’histoire du Livre d’Heures de la famille d’Espinay.
En 1603, Charles d’Espinay, marquis de Vaucouleur, seigneur d’Yvignac, de Plumaugat et de la Chèze, est encore un jeune marié. Il a épousé, 3 ans auparavant, Marie de Chahannais, à Durtal (Maine et Loir).
Charles a 25 ans, il a été baptisé le 20 juillet 1578 à Yvignac. Le père de Marie est, lui, seigneur de Cheronne, aux environs du Mans.
La famille d’Espinay est puissante, fortunée ; de noblesse ancienne, (prouvée par la reformation du 20 mars 1671) ses biens en terres et domaines se répartissent sur de grands territoires de la région, dont celui de Plumaugat. Charles perçoit de très nombreux fermages, rentes et autres redevances.
Il décide d’offrir à Marie un cadeau somptueux, appartenant à sa famille : un livre d’Heures.
Le livre d’Heures accompagne la pratique religieuse quotidienne de son possesseur catholique. Ecrit, enluminé et décoré à la main, il est destiné à des laïcs. Il rassemble un calendrier des saints et des fêtes, des prières, des psaumes… Sa conception nécessite des centaines, voire des milliers d’heures du travail d’un ou de plusieurs artistes et son prix peut atteindre des sommes pharamineuses. Le plus célèbre des livres d’Heures qui nous est parvenu est celui des « Très riches heures du Duc de Berry ».
Le Livre d’Heures offert à Marie date du 15e siècle, à l’apogée de l’art des enlumineurs. Il mesure 18 cm sur 13 cm.
Il est calligraphié, en latin et en écriture gothique, sur du parchemin et possède deux « couvrures ». La plus ancienne, en « pleine basane », a été recouverte par une « reliure maroquin brun, estampée à chaud au dos et sur les plats de doubles monogrammes (Λ -lambda- pour Louis d’Epinay, V et A pour Anne de Vaucouleurs), alternant dans des losanges à cordelières. Coins et fermoirs en cuivre. » La basane est un cuir de mouton au grain très fin et lisse. Le maroquin est une peau de chèvre souvent importée du Maroc à l’époque. C’est une des couvertures les plus luxueuses qui soient aujourd’hui encore.
A l’intérieur, on trouve 190 feuillets, richement illustrés : « 14 grandes miniatures à pleine page, des médaillons dans le calendrier, de nombreuses lettrines ornées, des marges enluminées. » Chacune des magnifiques illustrations nous en apprend un peu sur l’habillement, la flore, les outils, l’habitat de l’époque. Elles nous rendent plus proches ceux qui vivaient là, le berger, la dame noble, le chasseur, le paysan…
Sur la feuille de garde, tranchant par sa maladresse d’écriture avec la perfection de la calligraphie des pages enluminées, il y a une dédicace, en « majuscules lapidaires ». Elle est peut-être de la main de Charles : « AN 1603. A MADAME LA MARQUISE DE VAUCOULLEUR SES HEURES ENLUMINEES APPARTIENNENT, DONNEES PAR SON FIDEL MARY CHARLES DESPINAY MARQUIS DE VAUCOULEUR, SEIGNEUR D’YVEGNAC, PLUMAUGAT, LACHESE, JHESUS MARIA ».
Charles d’Espinay, marquis de Vaucouleur, seigneur d’Yvignac, de Plumaugat et de la Chèze, décède à Yvignac le 18 février 1615. Marie de Chahannais, son épouse, décède le 24 mars 1620 à Yvignac également. Ils ont eu deux enfants : Urbain, qui deviendra marquis à la mort de son père, et Marie, qui sera plus tard, par son mariage, baronne de Montmartin Louvel.
Comment ce livre d’Heures quitte-t-il la famille d’Espinay ? Sa fiche descriptive indique simplement qu’il a été acquis par la bibliothèque de Rennes à la suite des confiscations révolutionnaires de 1792.
Il est possible, sur rendez-vous et sous certaines conditions, de consulter ce livre à la bibliothèque des Champs-Libres de Rennes. Cependant, grâce au travail de numérisation des Tablettes Rennaises, chacun peut le découvrir, page après page, à l’adresse suivante : https://www.tablettes-rennaises.fr/app/photopro.sk/rennes/detail?docid=16588
Bonne lecture !
Références :
-
Sur le livre d’Heures de la Famille d’Espinay à la BMRM :
https://ccfr.bnf.fr/portailccfr/jsp/index_view_direct.jsp?record=bmr:UNIMARC:14355887
-
Sur l’art de la reliure :
-
Les descriptions en italique proviennent de la Base patrimoine de la BMRM. Voir référence complète en fin d’article.